mardi 23 février 2010

Mercredi : Comic Books Day !!!

J'ai une confession à faire, j'ai trente ans et je lis depuis peu des Comic Books ! Rassurez-vous cependant, je ne suis pas un adolescent attardé : je ne me déguise pas en super-héros pour faire le vigile la nuit dans mon quartier (un petit sourire ici) et je n'ai pas de pièces de mon appartement consacrées à mes collections de figurines dans leurs emballages originaux.
Si je m'intéresse à certaines séries de Comic Books (bien entendre ici que je ne lis pas n'importe quoi : je parlerai de deux séries en particulier un peu plus bas...), sachez que je lis également Joyce, Baudelaire, Dostoïevski, Cervantès (mais est-ce si loin de l'esprit des Comics Books). Bon, j'ai repris un peu de crédibilité maintenant ?
Qu'est-ce qui m'a amené, à trente ans, à m'intéresser aux Comic Books ? Comme beaucoup d'hommes de ma génération, j'étais un grand fan de la BD à la belge quand j'étais un petit loupiot : Tintin, Spirou, Lucky Luke, Asterix et Obelix ont accompagné mes petits-déjeuners toasts beurre d'arachides / confiture de fraise / tranche de fromage orange (je vous donnerai la recette une autre fois) pendant de nombreuses années. Je dévorais littéralement les albums illustrés et ma bibliothèque municipale était le pourvoyeur idéal pour mes appétits gargantuesques. Cependant, jamais je ne m'étais vraiment intéressé aux Comics américains. D'abord, ils étaient en anglais et comme dirait Yvon Deschamps : "je parlais à l'époque très bien anglais. C'est juste que je ne le comprenais pas...". Ensuite, il n'y en avait pas à la bibliothèque et finalement, je trouvais ennuyant que chaque fascicule ne contienne même pas une histoire complète. La patience et moi, ça a toujours fait deux.
Il y a quelques années, alors que j'étudiais très sérieusement la très sérieuse littérature à l'Université, j'ai découvert avec grand plaisir le Graphic Novel, genre hybride (mutant !) où l'auteur reprend et joue avec les codes des Comic Books américains pour exprimer quelque chose de plus intime. Je découvrais Art Spiegelman et les réflexion sur le devoir de mémoire dans Maus (où il relate l'histoire de son père ayant survécu aux Camps de la Mort), Chris Ware et le fascinant Jimmy Corrigan, the Smartest Kid on Earth, Craig Thompson et son imposant Blankets. Au Québec la série des Paul de Michel Rabagliati est tout à fait dans cette lignée et plusieurs auteurs québécois ont réalisé depuis de superbes oeuvres que j'ai dévorées avec gourmandise. Je pense particulièrement à  Jimmy BeaulieuJulie Doucet et Guy Delisle. J'ai exploré à fond et avec beaucoup de plaisir cette contre-culture sans toutefois vraiment connaître la culture de référence contre laquelle elle tentait de se définir : les Comic Books.
Nous y voilà donc ! Mon intérêt pour les Comic Books, déjà titillé par mes nombreuses lectures de bandes-dessinées, s'est cristallisé l'année dernière. Lors de mes balades urbaines, je passais fréquemment devant une librairie spécialisée de mon quartier. La faune qui la fréquentait m'a poussé à y entrer : j'étais curieux d'observer le lecteur de Comics dans son habitat naturel. Je le confesse sans pudeur, je suis un voyeur fini : j'adore écouter les conversations des tables voisines lorsque je suis au café, je me régale d'observer les mouvements de foules dans les marchés publics, je résiste difficilement à la tentation de jeter un petit coup d'oeil par la fenêtre de maisons inconnue lorsque je marche dans les rues de la ville. En entrant dans la librairie ce jour-là, j'ai été tout sauf déçu et j'aime encore aujourd'hui observer les autres clients qui, comme moi, s'y rendent les mercredis afin de feuilleter les nouvelles parutions (les éditeurs ne livrent les nouvelles parutions que le mercredi : c'est le Comic Books Day). N'allez surtout pas entendre dans mes propos le moindre mépris : je pense que chaque individu, aussi étrange qu'il puisse me paraître, est unique et à quelque chose à m'apporter. Je me promets de vous livrer quelques portraits  prochainement, mais là c'est plutôt de moi dont j'essaie de parler. C'est en discutant avec M., le propriétaire de la dite librairie, que j'ai appris qu'il existait autre chose que des séries pour les "adolescents attardés", dixit M.. En me demandant ce que j'aimais lire, il m'a proposé une sélection très hétéroclite de trucs dont je ne soupçonnais même pas l'existence. J'étais hameçonné et depuis ce temps, mes petites discussions avec M. le mercredi sont toujours intéressantes !
À ma défense, il faut reconnaître que les Comic Books ont une place importante dans la culture américaine. De la façon que je le vois, ils ont traduit des manifestations d'angoisse de l'imaginaire collectif d'une société qui s'est trouvée plus souvent qu'à son tour au coeur des plus grandes crises de l'Occident pendant le 20e siècle et le jeune 21e siècle. Lire des Comic Books me permet donc d'apprendre sur la société américaine et de mieux comprendre les forces sous-jacentes qui font évoluer leur culture (n'importe quoi) ! Je sais, j'en beurre épais : c'est surtout très distrayant de lire des Comic Books­ et pourtant, l'incroyable succès de tous les films de super-héros ces dernières années n'est-il pas symptôme de quelque chose qui va au-delà du simple divertissement ?
Malgré cela, il s'agit d'un art qui demeure marginal, mineur et souvent méprisé, sans doute en grande partie parce qu'il m'apparaît comme un art éminemment populaire... Ciel, je suis en train d'écrire un essai sur les Comic Books et ce n'était tellement pas mon intention !!! Moi qui voulais seulement vous parler de deux séries dont j'ai lu les numéros cette fin de semaine et qui valent la peine d'être découvertes.


Alice in Wonderland, Dynamite
Avec le film de Tim Burton qui doit paraître dans les prochaines semaines, il a clairement un buzz autour de l'oeuvre de Lewis Carroll. La version que propose Dynamite, c'est tout simplement du bonbon. L'adaptation du texte est fait avec retenue, nuance et efficacité, mais ce sont surtout les illustrations d'Érica Awano qui m'ont surtout accroché. Elles ne sont pas sans rappeler les illustrations originales de l'oeuvre faite par John Tenniel (exemple ici), et sont mise en couleur dans une palette pastel et sépia qui produit un effet onirique juste et efficace. Cette série aborde d'un angle nouveau une oeuvre qui a été adapté mainte et mainte fois et exploite subtilement les zones d'ombres présentes dans une histoire inondée de lumières


Marvels : eye of the camera, Marvel Comics
Une minisérie de 6 numéros totalement différente de toutes les séries que j'ai lues, qui survole l'univers des super-héros de Marvels (Iron Man, Fantastics 4, X-Men...).  Le héros est un photoreporter tout à fait ordinaire qui, en fin de carrière assiste, un peu incrédule, à l'apparition de tous ces personnages masqués ayant des superpouvoirs. Apprenant dans l'intervalle qu'il souffre d'un cancer, il deviendra un témoin privilégié des transformations de sa société. Il sera surtout confronté à la perte de ses repères sociaux et à la menace de sa propre mort. Cette série est une mise en abîme efficace qui s'appuie sur l'univers des super-héros pour développer une réflexion très intéressante sur la place et le rôle de chacun dans notre société.


Alors voilà, si vous passez devant une librairie se spécialisant en Comic Books en vous baladant,  je ne peux que vous encourager à prendre un petit dix minutes pour y entrer et flâner dans les rayonnages. Qui sait, vous pourriez y faire des découvertes intéressantes.

1 commentaire:

  1. Wow Super Dave!J'adore ton style d'écriture....J'ai lu toutes tes "Aventures", c'est vraiment excellent! Tu as un vraiment talent et ce, depuis fort longtemps!!xxx

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